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Environnement

L’afrique, le continent le plus sensible aux changements climatiques

L’Afrique est une mosaïque de climats et de biomes ; deux de ses principales caractéristiques sont, d’une part, qu’il s’agit du continent le plus chaud et le plus sec de la planète et, d’autre part, d’un des endroits au monde les plus sensibles à la variabilité climatique.

Les terres arides représentent plus de 60 % de la surface du continent ; il est donc particulièrement sensible à la pluviométrie et à ses variations qui conditionnent fortement le niveau de production agricole et la biodiversité. En effet, quoique l’eau souterraine soit abondante, la difficulté à l’exploiter fait que l’Afrique est et restera encore longtemps dépendante de l’eau pluviale et de l’eau de surface dont l’exploitation est peu rationalisée : 20 % seulement du potentiel d’irrigation du Sahel est exploité. La prévalence de l’onchocercose (cécité des rivières) explique sans doute l’absence d’une tradition d’irrigation (à la notable exception du Nil) sur le continent, malgré la présence de fleuves parmi les plus puissants du monde.

Africa, The Continent Most Sensitive to Climate Change

La problématique de l’eau conditionne largement les conditions du développement humain. Le stress hydrique, défini par l’ONU comme « une insuffisance d’eau de qualité satisfaisante, pour pouvoir répondre aux besoins humains et environnementaux » concerne, par ses conséquences en matière de sécurité alimentaire et de santé, jusqu’à 300 millions de personnes.

Des conflits, parfois armés, tels celui du Darfour en 2003, sont causés au moins partiellement par l’accès à l’eau ou, plus largement, aux changements climatiques.

Même lorsque l’eau n’est pas rare au sens strict, comme en Afrique de l’Ouest, laquelle, globalement, dépasse le volume de 1 700 m3 d’eau disponible par habitant et par an, seuil retenu pour caractériser le stress hydrique, le contexte de la disponibilité de l’eau rend la région « soudano-sahélienne tributaire d’une forte variabilité des précipitations, tant au plan spatial que temporel ». Ce n’est pas l’abondance de la ressource qui est en cause, mais sa variabilité et, par conséquent, la possibilité de l’utiliser au bon endroit et au bon moment.

Africa, The Continent Most Sensitive to Climate Change

Autre caractéristique, l’Afrique abrite le second plus grand massif forestier continu du monde : celui du bassin du Congo. Pour l’ensemble du continent, le couvert arboré représente 21,8 %notes 8 de sa surface quoi qu’avec une répartition très inégale, de zéro pour les déserts à 85 % pour le pays ayant le couvert forestier le plus important. Mais la déforestation est considérée comme la plus grave menace environnementale car les forêts régressent ; le continent a perdu plus de 10 % de ses forêts intactes (paysage « naturel » considéré comme à la fois non artificiellement morcelé et non dégradé) entre 2000 et 2013 et il a perdu 3,4 millions d’hectares de couvert boisé par an entre 2000 et 2010 même si l’attrition s’est ralentie (la perte était de 4,1 millions d’hectares par an dans les années 1990). La pression démographique, l’extension des villes et l’agriculture itinérante dont la culture sur brûlis participe largement à la régression des milieux naturels. La déforestation a, elle aussi, une influence limitative sur le développement humain puisqu’elle est une des principales causes de dégradation des terres. Celle-ci va jusqu’à la désertification, sachant que 63 % de la population d’Afrique subsaharienne et 40 % de celle d’Afrique du Nord est rurale et que 90 % des Africains dépendent du bois et de la biomasse pour leurs besoins énergétiques. Cette utilisation massive de combustibles solides est, de plus, une cause notable de morbidité du fait de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations qu’elle entraîne.

Un autre aspect environnemental du continent est celui de sa biodiversité, très importante (le PNUE qualifie le continent de « paradis de la biodiversité ») mais menacée. Huit des trente-quatre points chauds de biodiversité, zones possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l’activité humaine, sont situés en Afrique. Trente-quatre pays (sur cinquante-quatre) voient leur biodiversité régresser. Essayant de limiter le phénomène, les pays africains ont créé 1 200 aires protégées, recouvrant 2,5 millions de km2 (250 millions d’hectares).

L’ensemble se conjugue pour dessiner une situation où le continent, soumis à la « variabilité et aux extrêmes climatiques » est l’un des plus fragiles et des plus en danger. Le « changement climatique va progressivement menacer la croissance économique de l’Afrique et la sécurité des populations » car « le climat de l’Afrique est déjà en train de changer et les impacts se font déjà sentir », aggravant les causes environnementales de l’insécurité alimentaire qui touche déjà le continent.

Malgré la convention de Bamako, l’Afrique reçoit des déchets occidentaux mais produit également plus de 175 millions de tonnes produites par an depuis 2016. Les déchets subsahariens avoisineront les 500 millions en 2050. Si les États africains travaillent à construire leurs propres systèmes de gestion et traitement des déchets, le chemin est encore long avant de voir émerger des filières de traitement performantes.

À Bamako, les riverains abandonnent leurs déchets en pleine rue avant de les brûler. Impuissants, ils subissent les conséquences : détritus, fumées, odeurs nauséabondes, ainsi que des rats, cafards et mouches.

Du 4 au 6 septembre 2023, s’est tenu au Kenya le premier sommet africain sur le climat. Il a réuni 54 pays africains, dont 20 000 membres de délégations du monde entier. Ce premier sommet africain a abouti à l’adoption par les dirigeants africains de la « déclaration de Nairobi », où ils demandent à la communauté internationale de les aider à financer des projets d’énergies renouvelables, dans le but d’accéder leur transition énergétique.

Le plus grand pays d’Afrique par sa superficie, le dixième mondial, est l’Algérie tandis que l’archipel des Seychelles, au large de la côte est de l’Afrique, est le plus petit et le moins peuplé (env. 91 000 hab.). Le plus petit État continental est la Gambie. Le plus peuplé est le Nigeria (184 millions d’habitants en 2015), au septième rang mondial.

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