En 1914, du fait de l’essor des empires coloniaux, le « continent noir » ne comptait plus que deux États souverains, l’Abyssinie (ou Éthiopie) et le Liberia. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre d’États africains indépendants n’a cessé d’augmenter, passant de 4 en 1945 à 27 en 1960, pour atteindre 53 en 1993 et 54 en 2011.
Les frontières des États africains sont en grande partie issues de la colonisation. Quant au regroupement des différents pays en sous-régions, il est plus utilisé dans un souci pratique qu’en référence à une réalité historique.
Régions d’Afrique selon l’ONU85 :
On distingue généralement :
- l’Afrique du Nord, limitée au sud par le Sahara, habitée par des populations à majorité arabe et berbère ;
- l’Afrique subsaharienne, elle-même subdivisée en quatre sous-régions :
- l’Afrique de l’Ouest,
- l’Afrique de l’Est,
- l’Afrique centrale ;
- l’Afrique australe constituée de l’ensemble des territoires situés au sud de la forêt équatoriale.
Les États africains s’inscrivent dans des frontières largement issues de la colonisation, avalisées et sanctuarisées par l’OUA en 1963.
Elles sont souvent qualifiées d’artificielles et, du fait, considérées comme causes de conflits, d’incohérentes car délimitant des espaces politiques structurellement déficients du point de vue économique et d’illégitimes car ne correspondant pas à des réalités ethniques ou historiques antérieures, sachant qu’en outre, « la notion de frontière dûment bornée est culturellement étrangère à l’Afrique subsaharienne », notamment dans les sociétés à « pouvoir diffus » qui présentent un mode d’organisation sociale où le gouvernement n’est pas centralisé mais partagé, où la terre n’est pas un bien que l’on possède et pour lesquelles l’État-nation à l’occidentale est un concept importé.
Certains font cependant remarquer que ces frontières ne sont pas entièrement artificielles, la frontière Niger-Nigeria suivant, par exemple, à peu près les contours d’un califat antérieur.
La malédiction économique des frontières est, elle aussi, relativisée : « l’affirmation du caractère pénalisant des frontières africaines fait partie d’une des nombreuses idées reçues. » L’appartenance ethnique et les langues véhiculaires partagées sur des territoires qui ne coïncident pas avec les délimitations de jure, causent une intense circulation interne, notamment des commerces transfrontaliers opérés par les membres d’une même ethnie et qui profitent aux États formels grâce aux recettes douanières qui peuvent représenter jusqu’à 30 voire 70 % du budget de certains États. Le manque d’infrastructure conduit cependant à des « temps d’attente à la frontière » et donc à des coûts de transaction élevés. En définitive, les frontières africaines sont poreuses, faciles à franchir, de manière légale ou illégale, et constituent des opportunités pour les opérateurs économiques.
Quant aux conflits ethniques, ils sont largement indépendants des frontières, restant tantôt internes à un pays, tantôt transfrontaliers au gré des configurations locales.
Entre 1963 et 2022, la Cour internationale de justice a statué sur huit conflits frontaliers en Afrique, tels que la bande d’Aozou au Tchad en 1994 et la péninsule de Bakassi au Cameroun en 2002 alors que d’autres dossiers s’accumulent comme la question de la souveraineté de l’île de Mbanié déposée en 2021.
Dans les années 2010 et 2020, des conflits frontaliers voient le jour pour le contrôle de ressources naturelles comme entre le Kenya et la Somalie à propos des ressources en poissons ou entre la Guinée équatoriale et le Gabon à propos des hydrocarbures ainsi que des conflits sécessionnistes comme celui concernant le Soudan du Sud. En 2022, de larges territoires n’ont toujours pas de statut défini comme le Triangle d’Ilemi et le Triangle de Halayeb. Les anciennes puissances coloniales sont parfois encore en prise avec leurs anciennes colonies. C’est le cas de l’Espagne et du Maroc à propos des villes de Melilla et Ceuta, de la France et de Madagascar à propos des îles Éparses ainsi que du Royaume-Uni et de Maurice à propos de l’archipel des Chagos.
En 2021, en Afrique du Nord et de l’Ouest, 60 % des victimes d’évènements violents se trouvent à moins de 100 km d’une frontière, notamment en raison de la présence de groupes armés transnationaux, tels que les djihadistes. Plus on s’éloigne de ces zones, plus les morts baissent.
Pour plus d’informations :
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Afrique
- https://en.wikipedia.org/wiki/Africa
- https://africacenter.org/
- https://journals.openedition.org/etudesafricaines/
- https://etudes-africaines.cnrs.fr/
- https://journals.openedition.org/etudesafricaines/
- https://www.afdb.org/fr/documents-publications/economic-perspectives-en-afrique-2024