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Mondialisation

L’afrique face à la mondialisation

L’Afrique est inscrite dans la mondialisation économique depuis toujours, notamment par sa façade méditerranéenne et orientale.

Durant l’antiquité, la puissante civilisation égyptienne est, grâce à sa position géographique à la jonction entre le monde méditerranéen et l’Arabie, ainsi qu’au Nil, par lequel transitent les marchandises, au centre d’un important commerce ; ses villes sont les têtes de pont du commerce intercontinental. À la suite, les cités marchandes phéniciennes installées dès le Ier millénaire av. J.-C. (fondation d’Utique en 1100 av. J.-C., de Carthage vers 814 av. J.-C.) sont les vecteurs de l’intégration économique du continent dans la « première mondialisation » ; ainsi et par exemple, au Ve siècle av. J.-C., les Carthaginois commercent-ils l’or du désert « au-delà des colonnes d’Hercule ». Un peu plus tard, Carthage vaincue est redevenue une grande ville, une des premières cités de l’empire romain.

Le Périple de la mer Érythrée, récit de voyages datant du Ier siècle, atteste d’un commerce intercontinental depuis une zone allant de l’Égypte à la Tanzanie, en direction de la péninsule arabique, de l’Inde et de la Méditerranée et portant sur des produits tels que l’ivoire, les épices, la cannelle, l’encens, le styrax, le lapis-lazuli, les topazes, les turquoises, la soie, l’indigo, sans oublier les esclaves qui se retrouvent en Inde et en Chine.

Au IIIe siècle, le royaume d’Aksoum commerce avec plusieurs « contrées » de l’océan indien et de la Méditerranée. Le commerce, notamment d’ivoire, profite au développement du royaume par la création de villes-marchés. À l’autre extrémité des routes commerciales l’autre partie prospère aussi ; dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, le royaume d’Awsân (actuel Yémen) doit son essor au commerce avec l’Afrique. À partir du VIIe siècle, l’islamisation de l’Afrique subsaharienne lui permet de s’intégrer encore plus fermement dans le commerce international, les arabes servant d’intermédiaires avec le monde occidental.

Dès l’an mil l’or du Monomotapa part vers l’Inde via Kilwa dans les ports duquel s’échangent cotonnades et verroteries. La période qui correspond au Moyen Âge européen est l’âge d’or de l’Afrique avec les grands empires du Ghana, du Mali et Songhaï. C’est aussi l’âge de l’or. Kanga Moussa, dixième mansa (roi des rois) de l’empire du Mali dans le premier tiers du XIVe siècle, considéré comme l’un des hommes les plus riches de l’histoire de l’humanité, contrôle de facto tout le commerce du métal précieux dans le bassin méditerranéen.

À partir de la fin du XVe siècle, le continent connaît la traite atlantique puis la colonisation au XIXe siècle, formes les plus tragiques d’intégration mondiale. Les déportations d’esclaves alimentent le développement de l’Amérique et les pays européens enclenchent leur processus d’industrialisation grâce aux ressources coloniales ; le volume du commerce entre l’Afrique et l’Europe décuple entre 1820 et 1850.

Après les indépendances, l’Afrique ne prend cependant pas le virage de l’industrialisation. La part en valeur de son économie et de son commerce décroit mécaniquement dans les échanges face à des productions incorporant plus de valeur ajoutée.

Africa facing globalization

À l’époque actuelle, la place du continent dans le commerce mondial est minime, environ 3 % en valeur et il ne représente que 1,6 % du PIB mondial (4,5 % en parité de pouvoir d’achat).

Le continent est donc souvent présenté comme « périphérique » ou « en marge ». « C’est indéniable si l’on raisonne en termes de PIB. » Cependant, on le considère aussi comme globalement (même historiquement marginalisé alors que l’étude du temps long montre l’évidence du contraire, y compris à l’époque récente : « c’est faux pour d’innombrables raisons : économiques mais aussi stratégiques, démographiques, culturelles et humaines ».

L’Organisation de l’unité africaine (OUA), créée au lendemain des indépendances en 1963, devenue Union africaine (UA) en 2002, regroupe l’ensemble des pays africains. C’est l’instance la plus large de tout le continent. Il s’agit essentiellement d’un organe politique visant à favoriser la coopération entre les États.

À un niveau plus restreint, l’intégration régionale est considérée comme une des clés du développement économique du continent. À cet effet, le continent s’est doté depuis les années 1970 de diverses institutions régionales à vocation intégrative (CEDEAO, UMA, UEMOA, SADC, CEEAC, EAC, IGAD pour les plus importantes) : unions douanières, marché commun, zones de libre-échange, etc. Essentiellement tournées vers l’action économique, ces institutions ont aussi, plus tardivement, pris une dimension politique et diplomatique en contribuant notamment à la résolution des conflits ; ainsi, l’ECOMOG, sous l’égide de la CEDAO, est-elle une force d’interposition régionale similaire aux casques bleus de l’ONU.

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L’intégration est cependant très en retard ; le commerce intra-africain ne représente que 10 % des échanges et est polarisé autour de quelques pays (Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Nigeria, Kenya, Zimbabwe et Ghana) et porte pour un tiers sur le pétrole, sachant que, par ailleurs, les échanges informels créent des zones de libre-échange de facto.

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