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Histoire

Afrique postcoloniale contemporaine

Les nouveaux États indépendants ont des tâches urgentes à accomplir ; ne voulant pas se lancer dans une recomposition aventureuse, ils décident de conserver les frontières coloniales que l’OUA, nouvellement créée, décrète intangibles en 1963. Ils font de même avec la langue du colonisateur, idiome commun à des citoyens aux parlers nombreux. La situation diffère cependant en Afrique du Nord, où l’arabe reprend le pas sur la langue du colon ainsi qu’en Afrique de l’Est où le swahili l’emporte.

Contemporary post-colonial africa

Carte des États d’Afrique.

Les frontières font fi des réalités ethniques et géographiques du continent. L’unité nationale des nouveaux États ne peut donc pas se fonder sur une base ethnoculturelle ou une histoire commune, elle doit plutôt se baser sur des considérations politiques et économiques, constitutives d’un projet commun. Beaucoup de ces pays prennent, de ce fait, le chemin du parti unique, voire de la dictature, les héros de l’indépendance se transformant en despotes tels Sékou Touré, Léopold Sédar Senghor, Léon Mba, Fulbert Youlou, parfois à la suite de putschs comme Gnassingbé Eyadema et Mobutu Sese Seko par exemple ; il s’agit d’imposer à marche forcée une unité à des nations qui en sont dépourvues à l’origine. L’idéologie sert ainsi de vecteur. Certains adoptent une voie « socialiste » ou « marxiste-léniniste », comme l’Algérie, la Tanzanie, le Sénégal, la Guinée, le Mozambique… et les diverses républiques populaires, du Congo, du Bénin… Ailleurs, c’est la religion qui sert à souder l’unité nationale comme en république islamique de Mauritanie.

Contemporary post-colonial africa

Politiquement, l’idéologie panafricaine, qui inspirait les mouvements de libération en tant que principe unificateur de lutte contre les puissances coloniales, décline après les indépendances malgré la création de l’OUA en 1963. Par ailleurs, dès 1955, l’Afrique était représentée à la conférence de Bandung, fondatrice du mouvement des non-alignés et base de la naissance du concept de tiers monde. L’«imaginaire identitaire» africain se construit ainsi de manière composite, entre panafricanisme et volonté d’échapper à la logique des blocs de la guerre froide (non-alignement).

Les nouveaux États ne sont cependant pas débarrassés des structures économiques héritées de la colonisation et les liens avec les métropoles ne sont pas rompus. Beaucoup sont signataires d’accords politiques, économiques et militaires, parfois secrets, qui les lient aux anciennes métropoles et la majeure partie des anciennes colonies du Royaume-Uni rejoint le Commonwealth. Les anciennes métropoles entendent conserver ainsi une position privilégiée en échange d’assistance technique et d’aide au développement. De fait, l’immédiat après indépendance est une période dite de « néocolonialisme », concept clé des relations nord-sud à cette époque : les Européens, mais aussi les États-Unis, l’Union soviétique, Cuba, la Chine…, protagonistes de la guerre froide, s’ingèrent largement dans la politique et dans l’économie du continent.

Contemporary post-colonial africa

Entre 1960 et 1980, le PIB des pays africains triple sans pour autant que les conditions de vie des Africains ne s’améliorent sensiblement. La gestion de l’économie, qu’elle s’appuie sur une idéologie libérale ou socialiste, ne permet pas de « décoloniser » le tissu productif des nouveaux États. L’agriculture de subsistance continue à cohabiter avec l’agriculture de rente destinée à l’exportation, et les matières premières sont massivement exportées, sans produire de valeur ajoutée locale. Les débouchés se trouvent dans les pays développés qui, dans le contexte des « Trente Glorieuses », ont besoin des ressources du continent pour nourrir leur croissance. Le continent s’endette massivement durant les années 1970 — à cette époque, les États africains sont considérés comme solvables grâce à la hausse des cours des matières premières et aux faibles taux d’intérêt—, auprès des banques qui recyclent ainsi leurs liquidités en eurodollars puis pétrodollars. Les investissements sont pharaoniques et comprennent quelques éléphants blancs ; le montant de la dette atteint près du quart du PIB africain en 1980.

Mais, alors que depuis les indépendances les recettes d’exportation croissaient, « entre 1979 et 1982 les prix des principales exportations africaines retombent, en termes réels, à leur plus bas niveau depuis 1950. » Simultanément, les taux d’intérêt augmentent de manière « vertigineuse ». Les recettes d’exportation baissent, les taux d’intérêt grimpent ; prise ainsi dans un effet de ciseaux, l’Afrique s’engage dans une spirale de crise. Les possibilités d’investissement décroissent drastiquement, les déficits budgétaires se creusent et la dette devient un boulet financier. En 1990, elle représente 106,1 % du PNB en Afrique subsaharienne et de 52 % (Algérie) à 126 % (Égypte) en Afrique du Nord. Il n’y a plus d’argent pour les projets et l’aide publique au développement sert avant tout à soulager les banques occidentales de leurs créances devenues douteuses. Les bailleurs de fonds internationaux (le FMI et la Banque mondiale essentiellement) accordent des prêts en les conditionnant à la mise en œuvre de politiques d’ajustements structurels visant à réformer l’ensemble de l’économie des pays ou, au minimum, des secteurs entiers (énergie, éducation), ce qui en modifie profondément le fonctionnement. Inspiré par une pensée économique libérale, l’ajustement structurel consiste notamment à privatiser, le plus souvent au profit d’entreprises étrangères, des pans entiers de l’économie, à lever les barrières aux échanges commerciaux, à réduire le poids de l’État y compris les aides aux plus défavorisés. En 1992, presque tous les pays du continent sont concernés par l’ajustement structurel. Au regard des critères libéraux, l’économie s’en trouvera assainie, mais il faudra plus de vingt ans pour cela et le bilan social en est « terrifiant »: chômage, mise à mal des systèmes de santé et d’éducation, accroissement des inégalités … Politiquement, les pays sont soutenus même lorsque leurs fondements démocratiques ne sont pas en place, confortant de facto des régimes autoritaires ou des démocraties imparfaites.

Au début des années 1990, à la suite de la chute du mur de Berlin, les aspirations démocratiques du continent s’amplifient. C’est la période du discours de La Baule, des « conférences nationales » en Afrique francophone — qui instaurent, notamment, le multipartisme —, de la fin de l’apartheid, de l’indépendance de la Namibie et de l’Érythrée. La démocratie ne progresse cependant pas massivement dans un contexte de tensions ethniques et régionalistes et de conflits armés. Cela fait qu’encore aujourd’hui le continent présente un visage contrasté, « les jeunes démocraties cohabitant avec les tyrans sanguinaires ».

D’un point de vue économique, profitant d’un retournement de cycle, la dette des pays d’Afrique subsaharienne baisse de moitié en quinze ans et redescend à un niveau plus soutenable, passant de 85 % en 2000 à 40 % du PIB à la fin des années 2010. La croissance économique du continent est soutenue depuis le début du XXIe siècle, aux alentours de 5 % par an pour la production réelle et de 4 % pour le PIB.

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