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Agriculture

L’agriculture africaine au centre des préoccupations des politiques et des économistes

Le continent est caractérisé par une insécurité alimentaire persistante. Liste non exhaustive, en 1967-70 le Biafra (Nigeria), en 1983-1985 le Lesotho, en 1972-74 et 1984-85 l’Éthiopie, en 2004 le Darfour (Soudan), en 2005 le Niger, en 2011-2012 la corne de l’Afrique… ont été touchés par la famine ou la malnutrition ; en 2016, elles sévissent encore, en république démocratique du Congo, en Éthiopie, au Malawi …

Les deux causes principales sont les événements climatiques et les conflits. Ainsi la sécheresse atteint-elle la corne de l’Afrique tandis que, en république démocratique du Congo, ce sont les conflits qui sont responsables de la situation. Et, parfois, les événements climatiques sont eux-mêmes causes de conflits comme au Darfour …

Quoique l’Afrique du Nord soit épargnée et que la prévalence de la sous-alimentation diminue (27,6 % en 1990-92, 20 % en 2014-2016), du fait de la croissance démographique, le nombre de personnes touchées augmente (182 millions en 1990-92, 233 millions en 2014-2016), alors qu’à l’échelle planétaire les deux valeurs décroissent.

Dans ce contexte, l’agriculture africaine est au centre des préoccupations des économistes et des hommes politiques, car la rendre moins dépendante aux variations du climat et plus performante permettrait de diminuer l’instabilité politique, d’améliorer la santé des populations et de fournir des millions d’emplois. Face à une croissance démographique sans égale, à une population rurale représentant 60 % de la population totale et en croissance constante en valeur absolue ainsi qu’à un secteur agricole proposant 65 % des emplois en Afrique subsaharienne, elle est considérée comme une des clés du développement africain.

L’agriculture africaine n’a cessé de croître, triplant en valeur depuis les années 1980; cela s’est fait essentiellement par l’extension des superficies consacrées à la production vivrière, prises sur les forêts et la savane: « Au cours des trois dernières décennies, les gains de productivité agricole en Afrique ont été obtenus dans une large mesure par une expansion continue des cultures pluviales, en particulier, les cultures vivrières, sur des terres de plus en plus marginales et/ou par la réduction des périodes traditionnelles de jachère entre deux cycles de culture», ce qui pose des problèmes environnementaux notables, sachant qu’en outre les terres s’appauvrissent. Elle est caractérisée par sa faible productivité avec une quantité d’intrants (engrais…) très basse, l’absence d’irrigation et de mécanisation et des exploitations de faible taille.

À côté de l’agriculture vivrière, il existe des agricultures de rente et d’exportation (café, cacao, arachide, coton…), reposant sur des exploitations de taille et de productivité largement supérieures. Globalement, les produits agricoles représentent 20 % du commerce international africain en 2006, et 30 % du montant des exportations.

Physical geography of Africa

Les pays les plus urbanisés sont ceux où la valeur ajoutée et les prix payés aux producteurs sont les plus élevés, les marchés urbains denses créant une demande solvable permettant l’écoulement des surplus. La pauvreté et l’insécurité alimentaire concernent donc plus particulièrement les populations rurales des pays où le poids de l’agriculture dans l’économie est le plus élevé ; les agriculteurs pauvres des pays ruraux ne peuvent valoriser leur production et sont insérés dans un système d’échanges faiblement monétarisés et, par conséquent, peinent à avoir accès au marché des intrants qui permettraient d’augmenter leur productivité.

Contrairement à une idée reçue, globalement, le continent « ne souffre pas d’une insuffisance de la production alimentaire ». Même les agriculteurs pauvres des pays ruraux ont vu leur disponibilité alimentaire augmenter. Les « émeutes de la faim » qui touchèrent le continent (et le reste de la planète) en 2008 étaient dues à des hausses de prix, pas à des quantités disponibles insuffisantes.

Ce sont les politiques de prix et de distribution ainsi que les droits fonciers qui sont en cause dans l’insécurité alimentaire africaine. Pour ce qui concerne les prix, les politiques libérales ont mis l’agriculture africaine en concurrence avec celles des pays développés, largement subventionnées et l’ont soumise à une instabilité des prix qui fait que le continent, faute d’intégration régionale qui permettrait une répartition intracontinentale, en vient à importer des produits qui sont en concurrence avec ses propres productions.

Quant au droit foncier, le droit coutumier qui concerne 90 % des terres agricoles exclut les femmes de la propriété de la terre alors qu’elles représentent la majorité, jusqu’à 70 % des exploitants agricole d’Afrique subsaharienne.

Depuis le début du XXIe siècle, on assiste à l’exploitation des ressources naturelles par de nouveaux intervenants, notamment les pays asiatiques dont la Chine et l’Inde ou les États pétroliers en manque de place ; des terres agricoles sont achetées ou louées. Certains parlent de recolonisation de l’Afrique à ce sujet.

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